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Étiquette : bigmuffpi
SMALL MUFF
La Small-Muff, en mode « chéri j’ai rétréci ta Big-Muff », ne sacrifie ni la conception d’origine ni la qualité des composants discrets traversants utilisés pour sa cure de miniaturisation. Le schéma choisi correspond à celui de la première refabrication américaine du modèle au début des années 2000 (NYC REISSUE), schéma que l’on pourrait qualifier de Best Off des versions antérieures (avis hautement personnel il va sans dire, entre Big Muff Pi, Ram’s Head, Sovtek, etc. chacun sa chapelle).
La pile lithium de 850 mA rechargeable via un connecteur USB-C 5V permet une durée d’utilisation comprise entre 20 heures et 30 heures. A noter que le convertisseur de tension fournit une alimentation régulée et stable au niveau du voltage pendant tout le cycle de décharge de la pile lithium. La pédale est entièrement montée à la main et tropicalisée, c’est à dire protégée contre la poussière, les moisissures et les vibrations par une couche de vernis spécifique.
Le modèle est agrémenté d’un indispensable sélecteur de Mid permettant de choisir entre le Scoop de la version originale, un réglage Flat et enfin un Boost tirant sur le Treble Boost.
Le choix du meilleur transistor, pour une Fuzz en général et une Big Muff en particulier, relève d’un champ archétypal que l’on peut retrouver dans toute industrie humaine ayant pour mesure l’esthétique – l’Art au premier rang – celui du conflit entre l’empirisme et la scientificité, la foi et la raison, autant dire le bien et le mal dans la subjectivité du goût.
Les caractéristiques d’un transistor dans ce type de schéma électronique relativement basique sont tellement communes et généralistes qu’en remplacement du transistor original, le 2N5133 Fairchild (qualifié bien évidemment de « Holy Grail » sur tous les forums de DIYers), le site www.alltransistors.com nous propose pas moins de 134 références de substitution.
Pour le rationaliste la cause est entendue, la variable transistor n’influe que peu sur le résultat final… Et pourtant, l’empiriste aura beau jeu de le souligner comme une évidence : il existe des différences audibles, minimes ou flagrantes suivant les cas, mais bien réelles entre une même pédale équipée avec deux batch de transistors différents, transistors aux caractéristiques pourtant (quasi) identiques.
La qualification et le classement des différentes qualités de transistors a ainsi donné lieu à toute une littérature ésotérique dont le vocabulaire s’apparente plus à celui de l’œnologie qu’à celui de la musicologie. Cette lexicologie du son de la guitare électrique est typiquement Anglo-saxonne et la traduction française en est quelquefois hasardeuse : crémeux pour creamy, etc. On y apprend ainsi, au fil du scroll, que le 2SB459 est parfait en Fuzz, avec un gain généreux, juteux (juicy je suppose), jamais strident, avec une tonalité équilibrée et que l’AC125, boîtier TO1 Philips possède un son clair et nerveux, en Fuzz comme en Boost. Dont acte…
Si nous reprenons le fil de la rationalité, un bon point de départ est de lister les transistors utilisés dans différents types de Big Muff et de clones. Cette liste est une compilation des pédales étudiées sur le site de l’incontournable Kit Rae : www.bigmuffpage.com (Q1 à Q4, pour les 4 transistors de la pédale).
Une belle brochette de 2N5133 en format TO106
Son homonyme le mystérieux FS36999 : un House Labelling (marquage maison réalisé pour un client lambda) du 2N5133. Courtesy www.bigmuffpage.com
En dehors du 2N5133/FS36999 TO106, désormais introuvable donc parés de toutes les vertus de l’obsolescence, du vintage et du mojo spirit, le généraliste 2N5088 et son cousin le 2N5089 (mêmes caractéristiques avec un bruit de fond plus faible) se taillent la part du lion.
Ce qui nous ramène à la blague de DIYers : When in doubt, use a 2N5088.
2N5088 : TO-92 typical Silicon Transistor Plastic Casing :
This was the original go-to Big Muff transistor – suitably high gain, so very useful for those applications. Nowadays this seems to have become the perfect all-rounder Silicon Transistor – and is used in all manner of different fuzz varieties as well as just straight up distortion pedals too. When allied with the right components – this particular transistor seems to be able to do almost everything! Courtesy www.guitarpedalx.com
Recommandés pour les applications audio, les dénominateurs communs de cette gamme de transistors pour signaux faibles sont donc leur faible bruit de fond (logique, la Big Muff, comme toutes les Fuzz, étant d’abord une machine à Buzz) et leur large plage de gain (hFE).
Le hFE d’un transistor, souvent appelé gain en courant continu ou simplement bêta (β), mesure l’amplification du courant de la base au collecteur dans un transistor à jonction bipolaire (BJT). Le hFE est donné par le rapport entre le courant de collecteur (Ic) et le courant de base (Ib). Courtesy www.ovaga.com
Cette notion de hFE a donné également lieu à des débats passionnés dans le monde des DIYers (quelle valeur optimale choisir pour chacun des 4 transistors), débat plus ou moins tranché par Kit Rae lui-même qui déclare :
One transistor type may have higher or lower hFE than another, and those values can vary greatly among the transistors of the same type. The specs for original 2N5133 transistors were in the 60-1000 range. When I started collecting Big Muffs it was generally assumed that the best sounding vintage units had high hFE transistors in the 400-600 range. When I pulled all four FS36999 transistors from an exceptional sounding 1973 Big Muff in my collection and measured the hFE I found it ranged from 164 to 204. I also pulled the transistors from one of my Tall Font Green Russian Big Muffs and found they ranged from 200-250hFE. Here are some other hFE measurements of 2N5133/FS36999 transistors to give you an idea how much they varied.
1971 Triangle Big Muff – Q1: 702, Q2: 632, Q3: 655, Q4: 704
1972 Triangle Big Muff – Q1: 666, Q2: 286, Q3: 550, Q4: 233
1973 « 47 » Ram’s Head Big Muff – Q1: 431, Q2: 473, Q3: 577, Q4: 425
1973 « Violet » Ram’s
Head Big Muff – Q1: 164, Q2: 204, Q3: 183, Q4: 161
1973 « Violet » Ram’s Head Big Muff – Q1: 169, Q2: 189, Q3: 167, Q4: 193
1974 « White Can » Ram’s Head Big Muff – Q1: 141, Q2: 168, Q3: 288, Q4: 152
Courtesy www.bigmuffpage.com
Ou encore, cette analyse tirée du site www.electrosmash.com : There are also several enhancements on the design in order to make the circuit stable and reliable: All components are based in silicon, all transistor stages include an emitter resistance, which makes the gain independent from temperature or transistor intrinsic characteristics. Three out of four stages include feedback resistors and Miller capacitors, which stabilize the behavior and frequency response […].
The components selected for the design are very generic and easy to find: just high gain NPN transistors, simple silicon diodes and standard resistors, caps and three 100K linear pots. Avoiding exotic parts and making the circuit ready for mass production and a shortage of suppliers.
Un autre article de Jack Orman www.muzique.com fournit le résultat d’une série de tests qui tend vers la même conclusion : la conception du schéma fait que le gain d’un transistor est largement indépendant de son hFE. Dans le cadre d’une production industrielle cette conclusion paraît logique car elle permet d’obtenir un résultat homogène sans avoir à trier les transistors.
Ce tableau analytique du calcul des résistances contrôlant le gain des transistors sur différents modèles réalisé par nos soins aboutit, lui, à un résultat contrasté : d’un côté les modèles des années 70/80 caractérisées par un niveau de sortie élevé, de l’autre les modèles USSR, les rééditions et les clones dotées d’un niveau de sortie plus raisonnable et mieux adapté au chaînage des pédales.
Quid de la SMALL MUFF ? Dans notre approche vintage/moderne notre choix s’est porté sur la première refabrication américaine du modèle au début des années 2000 (NYC REISSUE). Ce modèle correspond à la renaissance de la marque et à une approche esthétique que l’on pourrait qualifier de « conscientisée » prenant en compte la perspective historique d’un effet ayant accompagné tous les bouleversements de la musique populaire depuis 30 ans (à l’époque de sa sortie). Une Big Muff with attitude en quelque sorte. Le redesign du circuit est l’œuvre d’une femme électronicienne, Fran Blanche : http://frantone.com, fait assez rare pour être souligné dans un milieu, il faut bien l’avouer, encore assez brut de découillage :
Nicknamed the Classic NYC (New York City) Big Muff Pi. Early on it was referred to as the ‘NYC Reissue Big Muff Pi’, even though technically it was not a reissue of any previous version. Since the 1991 return to production of the Big Muff manufactured in Russia, E-H founder/owner Mike Matthews found that there was also a demand for the return of a USA Big Muff. EHX began working on the reissue in the Astor Place facility in Manhattan, New York. Fran Blanche, superb boutique pedal maker and founder of Frantone, was given the job revising the circuit for the reissue. She worked for EHX from January 1999 to the Summer of 2000 […].
Fran spent a few months building prototypes of variations on the classic Big Muff circuit design, as well as some new versions of the circuit. Mike Matthews and several other E-H employees reviewed and tested these dozen or so different prototypes. One of the classic version prototypes was chosen to be the new USA Big Muff. The circuit architecture is essentially the same as the original Bob Myers BMP design, only with a new set of component values. This was nothing new in the history of the Big Muff, as there were literally dozens of different variants of the circuit made throughout the 1970s. It was continually revised. Courtesy www.bigmuffpage.com
En ce qui concerne le choix des transistors… la recréation du (faux) mystère du FS36999 sera notre modeste contribution au mojo spirit de la Big Muff. En effet, après avoir testé un large panel de transistors du plus classique plus exotique, nous avons décidé de repartir du cahier des charges original, le ce pour quoi a été conçu tel type de transistor, afin d’essayer d’approcher au mieux les caractéristiques originelles (sachant que celles-ci n’ont pas été le fruit de longues études de recherche et développement, mais plutôt celui du hasard et des contingences de l’époque, en clair l’opportunité d’acheter un stock de composants soldés pour optimiser les coûts).
Le 2N5133 ayant été conçu comme un transistor faible signal à large plage de gain optimisé pour l’audio, notamment grâce à son faible bruit de fond, notre recherche s’est concentrée sur les modèles comparables disponibles à la même époque, donc supposément fabriqués avec les mêmes techniques industrielles.
Premiers essais de transistors
The « mysterious » HK36999 TO106 NOS aka PINK LADY
Notre choix s’est finalement porté sur un transistor européen, à la carrière certes confidentielle, mais dont les qualités sont par ailleurs reconnues et les caractéristiques très proches de celles du 2N5133, notamment au niveau du bruit de fond.